
Grâce à leur volonté, mes étudiants ont surmonté leurs difficultés.
Enseignant avec des étudiants étrangers, j'ai le plaisir à chaque rentrée de découvrir le groupe avec lequel je vais travailler pendant plusieurs mois. Souvent venus de pays lointains, ayant des histoires très variées et fraîchement débarqués en France, ils ont à cœur de progresser en français et de découvrir notre culture.
Un de mes meilleurs souvenirs est lié à un travail en groupe portant sur des documents authentiques se rattachant à des démarches administratives. C'était une joie pour moi de les voir discuter entre eux, partager leurs expériences d'arrivée en France et les difficultés qu'ils avaient surmontées, se conseillant les uns les autres afin de répondre convenablement à la problématique travaillée. Au travers de ces discussions, j'ai pu observer combien leurs difficultés avaient été une source de stress mais finalement s'étaient transformées en bonheur grâce à leur volonté et à leurs progrès en langue.
Cette expérience est pour moi à l'image de ce qu'est le cours de FLE : assister à l'évolution constante des apprenants, ce qui se manifeste notamment par une pratique concrète dans la vie de tous les jours.
Un de mes meilleurs souvenirs est le jour où tous les garçons sont arrivés en classe une rose à la main pour célébrer le 8 mars ! Un autre souvenir extraordinaire date du lendemain des attentats des tours jumelles. Étudiants américains et afghans ont chanté à l'unisson Manhattan-Kaboul de Renaud et Axelle Red.
En trois années d’expérience en tant que professeure de FLE, j’ai d’incalculables souvenirs. Si je devais n’en choisir qu'un, cela serait la fois où, après un campus d’été, l’une de mes stagiaires est venue me remercier personnellement. Dans la conversation, elle m’a demandé où j’avais enseigné auparavant. Je lui ai répondu que c’était ma première année d’enseignement. Elle m’a souri et m’a dit qu’elle pensait que j’enseignais depuis plus de trois ans. Elle m’a demandé de continuer à faire du bon travail. Cela m'a beaucoup touchée et m'a confirmé que j'avais bien choisi ma voie professionnelle.
"Nous avons tous les mêmes valeurs : le respect, la bienveillance, l'envie d'apprendre et d'être ensemble."
Un de mes meilleurs souvenirs en tant que formatrice FLE remonte à juin 2021. Chacun a préparé une spécialité culinaire de son pays d'origine. Nous avons partagé un repas tous ensemble après le cours de français. Ce fût un moment rempli de joie, de rire et de partage ! De belles amitiés sont nées au sein de ce groupe. J'ai moi-même gardé contact avec certains. Nous étions tous de nationalités différentes : Syrie, Chine, Angola, Sénégal, Maroc, Algérie, France, Espagne, Bulgarie, Érythrée, Soudan… Mais nous avons tous véhiculé les mêmes valeurs : le respect, la bienveillance, l'envie d'apprendre et d'être ensemble.
Nous sommes dans une perpétuelle créativité pédagogique, c'est stimulant de s'adapter aux nouveaux besoins, aux nouvelles envies, de coller à l'actualité quand on enseigne une langue.
Jusqu'à aujourd'hui, en présentiel ou en ligne, j'ai fait des centaines de rencontres intéressantes parmi mes étudiants. J'ai de multiples bons souvenirs mais j'ai un groupe pour lequel je garde un attachement particulier. Il me semble que c'était en octobre 2014. C'était un groupe de niveau avancé, B2 voire C1, 14 étudiants venus des 4 coins du monde : Brésiliens, Italiens, Colombiens, Allemands, Japonais, Américains, Espagnols… C'est la première fois que je ressentais une telle émulation dans une classe, j'étais le prof mais ils me portaient aussi, c'était un échange permanent lors des activités de classe, des suggestions de sorties que je pouvais leur faire, des films français à regarder ensemble après les cours, il y avait toujours, de la part des uns et des autres, une curiosité et une écoute. Les étudiants s'entraidaient pendant le cours, avaient recours à la médiation entre eux, ça a été une expérience très nourrissante.
Je pense que l'une des clés importantes, c'est le plaisir ; il faut enseigner les objectifs définis pour le niveau mais à travers des supports, des activités que vous allez avoir plaisir à transmettre à votre groupe, et votre groupe va apprendre dans le plaisir de chercher, de trouver, de comprendre, de pratiquer, de proposer.
L’échange, le partage, l’apprentissage, tous ces mots reviennent à la bouche des enseignants.
Pourquoi devenir professeur de français langue étrangère ? Une question qui me revient par coups de blues au travail. Mais il suffit que je fasse un cours pour y répondre.
Ma première expérience dans l’enseignement remonte lorsque j’avais 18 ans, aux États-Unis, en tant qu’étudiante d’échange en Senior Year (terminale) au Wilson High School en Caroline du Sud. Une amie me conseille d’intégrer l’association des Tutors helping. J’accepte plus par envie de me faire des ami·es qu’autre chose. Arrive la première session de tutorat, une petite lumière s’illumine en moi… finalement, c’est chouette d’aider les autres !
De retour en France, j’opte plutôt pour un BTS Commerce International, puis une Licence 3 LEA… des voyages, des rencontres, des associations interculturelles, des Alliances Françaises, un master en Portugais Langue Étrangère, une tentative de doctorat en Français Langue Étrangère plus tard et l’oiseau a fait son nid petit à petit. J’enseigne désormais le Français Langue Étrangère à l’université.
L’échange, le partage, l’apprentissage, tous ces mots reviennent à la bouche (ou plutôt au clavier) des enseignants. Et puis les voyages, la découverte de personnes, les riches échanges qui en résultent… Ces petites choses de notre quotidien professionnel grâce auxquelles je me sens bien, qui me font vivre.
Aziz va étudier dans une université française en 2022 et nous lui souhaitons le meilleur !
Cette photo a été prise pendant sa dernière semaine de cours, dans la classe de niveau C1.3 et célèbre la fin de son année d’apprentissage du français à l’Alliance française de Bordeaux.
Ce jour-là, Aziz avait apporté du café arabe et des biscuits typiques de son pays, le Koweït, car il voulait "partager un morceau de sa culture" avec les étudiants de la classe. Ce fut un moment très riche et convivial. Il faut savoir que c’était approximativement la quarante-huitième fois qu’Aziz accomplissait ce rituel hebdomadaire de partage du café arabe.
Je sais pourquoi je me lève le matin.
Je suis une rêveuse. Mes stagiaires apprennent à rêver et à suivre leurs rêves en cours. Ils ont fait de moi une meilleure enseignante grâce à nos interactions. Ils sont en France, viennent de différentes parties du monde pour différentes raisons. Ils apprennent ensemble à s'investir dans leur propre parcours d'apprentissage du français. La plus belle reconnaissance de mon enseignement se résume au message de cette apprenante : "Tu éclaires la langue française bien plus que de l'enseigner." Et par ces mots, je pense que ma mission est accomplie. (Arghavan)
Je suis professeur de FLE depuis 2012 et formatrice FLI depuis 2019. Mon meilleur souvenir ? Je ne peux pas décider, il y en a beaucoup. Chaque stagiaire apporte son vécu, son humanité. Chaque rencontre me rend plus humble, leur gratitude et leurs progrès sont parfois épatants. Chaque "petit" progrès est une victoire : tenir un stylo et recopier un mot pour certains, être capable de compléter un formulaire simple alors que le stagiaire ne sait même pas écrire dans sa propre langue… faire des phrases simples mais complètes, commencer à faire de l’humour en français, devenir bilingue en partant de 0 pour d'autres… Bref, je sais pourquoi je me lève le matin. (Alicia)
Chargée du label Qualité français langue étrangère au département langue française de France Éducation international (FEI), Caroline Mouton-Muniz répond aux questions de Défi métiers.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je travaille au département langue française de France Éducation International (FEI). Je suis chargée du label Qualité FLE. FEI est un opérateur du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse avec des missions qui s’articulent autour de trois axes majeurs : la mobilité internationale, la coopération en éducation, la promotion et la diffusion de la langue française.
À la demande de différents partenaires (ministères, Organisation internationale de la francophonie - OIF, Agence universitaire de la francophonie - AUF, etc.), FEI mène des actions d'audit et d'expertise dans différents organismes en France et à l’étranger. C’est dans le cadre de ces missions que FEI a été choisi par les ministères de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), de la Culture (MC), de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) pour créer et gérer le dispositif de labellisation Qualité pour les établissements qui enseignent le français en France.
Votre organisme figure parmi les instances de labellisation Qualiopi nommé par France compétences, quelle est votre démarche ?
Le 19 décembre 2019, le conseil d’administration de France compétences a reconnu sept instances de labellisation dont la Commission interministérielle de labellisation Qualité FLE. La commission peut désormais délivrer le double label Qualité FLE-Qualiopi au titre de sa propre démarche qualité. La majorité des indicateurs du Référentiel national qualité (RNQ) figurait déjà dans notre référentiel avec parfois des vérifications plus approfondies. Cependant pour obtenir cette reconnaissance, nous avons augmenté le niveau d’exigence de certains critères, notamment l’identification du référent handicap, la veille pédagogique et règlementaire, etc.
Quels services offrez-vous aux centres labellisés pour renforcer leur visibilité ?
Nous nous appuyons sur les ministères de tutelle (MEAE, MC, MESRI) pour promouvoir le label et les centres labellisés ; le ministère de l’Intérieur pour la question des visas ; les opérateurs partenaires (Campus France, Hcéres, CTI, France compétences, Atout France, TV5Monde, etc.) ; la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) ; le réseau culturel français à l’étranger ; les groupements professionnels (Groupement FLE, Fondation Alliance française, Adcuefe, Ranacles, Souffle, etc.) et plusieurs outils : le site qui référencie toute l’offre de cours des centres labellisés ; la lettre d’info trimestrielle (plus de 6 000 abonnés) et les nombreux événements auxquels nous participons en France et à l’étranger.
Vous êtes également certificateur du TCF, DELF, DILF et du DALF*, la visibilité de l'offre de formation est donc importante. Comment collaborez-vous avec le réseau des Carif-Oref ?
FEI travaille avec le réseau des Carif-Oref depuis plusieurs années. Nous sommes intervenus, sur l’invitation du réseau, à la journée consacrée à la présentation de la cartographie nationale de l’offre de formation linguistique à destination des primo-arrivants et des réfugiés, en décembre 2019. Cette étroite collaboration incite les organismes de formation labellisés à mettre en visibilité leur offre de formation qui intègre nos diplômes et tests, éligibles au Compte personnel de formation. De plus, nous devons beaucoup au réseau Carif-Oref qui nous a accompagnés dans le processus assez complexe de reconnaissance de nos certifications via France compétences.
Propos recueillis par Hélène Lerosier (novembre 2020)
Quelles sont les singularités de l’AEFTI-EF 71 ?
L’AEFTI-EF 71 a été créé en 1978, suite aux vagues d’immigration des années 70. Ces 40 années d’existence en font un acteur de terrain incontournable sur le territoire du sud de la Saône-et-Loire, en relation permanente avec l’ensemble des autres acteurs associatifs et institutionnels. Ainsi, notre réseau, nous permet, depuis de nombreuses années, de pouvoir trouver sur le territoire les relais nécessaires à un accompagnement global des stagiaires. Logement, santé, association des droits de l’homme, association de violence faite aux femmes, avocats spécialisés en droit de l’immigration…, sont autant de partenaires que nous pouvons mobiliser si nécessaire. Mettre les personnes en situation d’apprentissage et de réussite, c’est aussi être à l’écoute de leurs inquiétudes, sécuriser leurs parcours et leur permettre de trouver des relais rapidement .
Pourriez-vous nous décrire plus spécifiquement les publics accueillis dans votre centre et votre offre de cours de FLE ?
Nous accueillons des stagiaires principalement en regroupement familial, des réfugiés (Syrie, Erythrée, Soudan), ou avec une reconnaissance de travailleurs handicapés en reconversion professionnelle, ayant alors besoin de réajuster leur niveau en français.
Plus spécifiquement, les cours FLE dans les quartiers de la politique de la ville, pour les grands débutants sont composés à 80 % de femmes, les cours de FLE en vue de l’obtention d’un Delf accueillent 60 % de femmes. Cela s’explique par le fait que la situation à l’emploi sur le secteur mâconnais étant très favorable, les hommes privilégient l’emploi à la formation.
Combien d’apprenants étrangers recevez-vous chaque année au sein de votre centre ? Combien d’entre eux suivent des cours de FLE ?
En 2019, nous avons reçu près de 600 personnes, pour 420 entrées en formation FLE .
L’AEFTI-EF 71 a été labellisée en juillet 2018 pour la première fois. Qu’est-ce que qui vous a motivé à entrer dans cette démarche ?
Nous souhaitions avoir un label qui reconnaisse spécifiquement le FLE. Par ailleurs, nous avons demandé l’obtention du label en période de restructuration de notre association, l’enjeu étant de démontrer que celle-ci n’aurait pas d’impact sur la qualité de la formation ni sur la qualité de l’accompagnement des stagiaires. En outre, cela nous a permis de repenser toute une organisation, et ainsi mieux redéfinir les missions de chacun.
Avez-vous rencontré des difficultés pour constituer votre dossier de candidature ? Si oui, lesquelles ?
Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières sur la constitution du dossier. Seul élément que nous n’avions pas anticipé, les éléments du dossier qui devaient être constatés sur place n’étaient clairement explicités dans notre dossier.
Quels sont les principaux bénéfices en interne de cette labellisation ?
Cela a permis de valoriser la qualité de travail du personnel. Ce label a été pour eux une véritable reconnaissance et a été très positive pour le moral des salariés. Les groupes de travail mis en place pour constituer le dossier ont permis aux formateurs d’échanger sur leurs pratiques d’une nouvelle façon, de retravailler sur les programmes de formation, et à la coordonnatrice d’investir davantage de temps dans l’ingénierie pédagogique.
En quoi le label est-il un atout pour accompagner vos projets de développement ?
Cela nous a permis de gagner de nouveaux marchés et de faire valoir notre expertise en FLE. À titre d’exemple, nous avons organisé pour d’autres centres de formation des formations de formateurs afin de donner des outils à des formateurs non formés au FLE, mais intervenant auprès de ce public.
Le conseil d’administration de France compétences du 19 décembre 2019 a reconnu 7 instances de labellisation dont la labellisation Qualité FLE. Ces instances pourront délivrer la marque de certification Qualiopi au titre de leur propre démarche qualité. Que pensez-vous de cette avancée ? Lors d’un prochain audit, souhaitez-vous obtenir Qualiopi ?
C’est une excellente initiative. Cela permet de passer les deux labels en même temps tout en gardant la spécificité du label FLE.
Quelles recommandations feriez-vous aux centres de formation qui souhaitent s’engager dans une démarche qualité et in fine, obtenir le label Qualité français langue étrangère ?
Il est impératif de montrer ce que l’on fait et uniquement ce que l’on fait. L’objectif n’est pas d’être parfait, mais de démontrer sa capacité à fournir un travail de qualité. Ce travail passe notamment par de la traçabilité, un accueil de qualité des personnes, des programmes de formation en adéquation avec le niveau des stagiaires, une ingénierie pédagogique intelligible par tous, mais avant tout, cela doit refléter la réalité de son activité. L’objectif est de s’améliorer, et cela ne peut se faire qu’en étant honnête avec ses pratiques.
Nathalie ELOY
Directrice de l’AEFTI-EF 71